dimanche 20 janvier 2008

A propos d'education

ATTRIBUT DU MAGICIEN MODERNE

Comment Mowgli, le petit d'homme, apprit les secrets de la Jungle

Maintenant , il faut vous donner la peine de sauter dix ou onze années entières, et d'imaginer l'étonnante existence que Mowgli mena parmi les loups...Il grandit avec les louveteaux, quoique naturellement, ils fussent devenus loups quand lui-même comptait pour un enfant a peine ; et Père Loup lui enseigna sa besogne et le sens de foutes choses dans la Jungle, jusqu'à ce que chaque frisson de l'herbe, chaque souffle de l'air chaud dans la nuit, chaque ululement des hiboux au-dessus de Sa tête, chaque bruit: d'écorce égratignée par la chauve-souris au repos un instant dans l'arbre, chaque saut du plus petit poisson dans la mare, prissent juste autant d'importance pour lui que, pour un homme d'affaires, son travail de bureau ... Et lorsqu'il manquait de miel (Balloo lui avait dit que le miel et les noix étaient aussi bons ô manger que la viande crue), il grimpait aux arbres pour en chercher et Bagheera lui avait montré comment s'y prendre...

... En ces jours-là, Baloo lui enseignait la Loi de la Jungle. !e grand ours brun, vieux et grave, se réjouissait d'un élève à l'intelligence si prompte; car les jeunes loups ne veulent apprendre de la Loi de la Jungle que ce qui concerne leur clan et leur tribu, et décampent dès qu'ils peuvent répéter le Refrain de ....... Mais Mowgli, comme petit homme, en dut apprendre bien plus long.

Quelquefois Bagheera, la Panthère Noire, venait en flânant au travers de la Jungle, voir ce que devenait son favori,et restait à ronronner, la tête contre un arbre, pendant que Mowgli récitait à Baloo la leçon du jour. L'enfant savait grimper presque aussi bien qu'il savait nager, et nager presque aussi bien qu'il savait courir; aussi Baloo, le Docteur de la Loi, lui apprenait-il les Lois des Bois et des Eaux à distinguer une branche pourrie d'une branche saine; à parler poliment aux abeilles sauvages quand il rencontrait par surprise un de leurs essaims à cinquante pieds au­dessus du soi; les paroles à dire à Mang, la chauve-souris, quand il la dérangeait dans les branches au milieu du jour et la façon d'avertir les serpents d'eau dans les mares avant de plonger au milieu d'eux ...

Comment le petit de l'homme moderne apprend-il les secrets de la vie?

Quelles belles leçons de pédagogie pratique se découvrent dans les pages passionnantes par lesquelles Kipling, ce maître conteur, nous décrit la croissance de Mowgli parmi le peuple des Loups.
Mais de quels appuis les petits d'hommes modernes disposent-ils pour qu'ils puissent grandir en force et en sagesse, pour qu'ils soient en mesure de remplir, le jour venu, le mieux possible leur métier d'homme et de femme?
Question saugrenue, penserez-vous peut-être. N'est-ce pas dans !e cadre familial que l'enfant va prendre ses premières habitudes, modeler sa personnalité naissante, acquérir des manières d'âtre et d'agir? Et c'est si vrai que les pédagogues modernes insistent sur l'importance capitale des premières années de l'enfance pour son développement ultérieur.
Sans doute... mais ce cadre familial est-il toujours le lieu OÙ l'enfant va pouvoir s'épanouir harmonieusement? Le malheur, c'est que l'enfant n'apparaît, dans nombre de foyers, que comme un gêneur, un trouble-fête.
Bien souvent !es parents, accablés par la besogne quotidienne ou les soucis de l'heure, n'ont pas la force - ou le courage - d'être souriants et détendus lorsque leurs enfants sont près d'eux. Un mur d'indifférence, quand ce n'est pas :un climat hostile, semble se créer entre eux et leurs fils et leurs filles, alors que ces derniers attendent une confiance affectueuse, une compréhension constante.
Beaucoup d'enfants connaissent un grand malheur: posséder un père distant, lointain, incompréhensif, et ce qui est pire encore, une mère de ce genre!
Or, Si !'enfant a besoin d'air, de lumière, de mouvement pour croître, il a plus encore besoin de joie et de sécurité pour se développer normalement.

Enfin, tant bien que mal, les années passent ; l'enfant pousse et, un jour arrive et le
voilà qui quitte le cercle familial et qui part à la conquête de connaissances jugées indispensables par les adultes.

Ceci ... ou cela ?

Va-t-il trouver à l'école le cadre dans lequel il se développera, où il pourra essayer les forces naissantes qu'il sent en lui, lorsqu'il entre vers neuf à dix ans dans cette belle période de l'enfance? Peut-être aura-t-il la chance de trouver des maîtres imprégnés des principes des . Malheureusement, en dépit des efforts d'éducateurs obstinés, malgré les victoires déjà remportées dans les jardins d'enfants ou les écoles maternelles, la tradition et les habitudes sont encore solidement enracinées dans nombre d'écoles où l'enseignement demeure presque uniquement livresque. Dans ce cas, trop souvent, l'enfant va ingurgiter, passivement, les rudiments jugés indispensables pour parvenir, coûte que coûte, à l'examen final... à moins qu'il ne soit dégoûté, à tout jamais, de l'instruction par des Adultes qui oublient le précepte proclamé pourtant bien fort par Rabelais :

" L'enfant n'est pas un vase qu'on remplit, mais un feu qu'on allume. »

Par surcroît, à cette période de sa vie an cours de laquelle son corps se construit, il va se trouver enfermé pendant les meilleures heures de la journée, alors que sa jeune force bouillonne et qu'il a besoin de courir, de crier, de jouer, d'agir, de se dépenser.

il y a bien des instructions, des règlements, qui imposent aux maîtres de s'occuper de la formation de son corps comme de modeler son esprit, qui prévoient des heures d'activités physiques, de plein air.

Mais ces textes demeurent encore lettre morte dans nombre d'écoles

Ainsi, ce besoin de connaître, d'agir, de réaliser, cette soif de découverte qui caractérisent le jeune lorsqu'il a dépassé six ans sont souvent refoulés, quand ils ne sont pas éteints a tout jamais. Et il arrive que quantité de jeunes quittent l'école de bonne heure ; leur développement intellectuel s'arrête au moment précis où leur esprit commence à s'éveiller et à acquérir son originalité. Et des milliers d'entre eux vont commencer, avec un bien pauvre bagage, une nouvelle et redoutable expérience : l'apprentissage d'un métier